ITW Djivan Minassian : Tendances et bonnes pratiques du community management en 2016
Aujourd’hui nous vous proposons une interview de Djivan Minassian, notamment créateur du blog MyCM, et worker passionné de social media. Et si nous discutions des tendances et bonnes pratiques en social media marketing en guise de bonnes résolutions pour 2016 ?
Bonjour Djivan, et si tu te présentais ?
Hello Kevin,
Merci de me donner l’occasion de m’exprimer.
Pour résumer, je dirais que je suis quelqu’un de simple qui se passionne pour le social media (forcément) mais aussi la musique, la culture arménienne, le sport (je fais du volley en club) et les voyages (d’ailleurs si je vous disais d’où je vous écris, vous ne vous en remettriez pas ;)).
J’ai commencé le Community Management en 2004, alors qu’il n’avait pas encore vraiment de nom. C’est mon père, Levon Minassian, qui en a été l’élément déclencheur. Joueur de Doudouk depuis 40 ans (un instrument traditionnel arménien quasiment inconnu en dehors de ses frontières), j’ai consacré toute mon énergie à sa promotion.
Pour les curieux, c’est par ici : https://www.youtube.com/watch?v=4icZRobGHs8
A l’époque il était question de MySpace, des forums et des blogs (autant vous dire qu’aujourd’hui la stratégie a bien évolué). Pour la petite histoire, après 12 ans de bons services, mon père a toujours du mal avec mon métier, « il travaille sur internet » « il fait de la communication » « il fait des sites web » « il fait de la pub » et j’imagine que je ne dois pas me sentir seul en disant cela 🙂
C’est grâce à tout ce travail que j’ai intégré l’agence de communication Perfeo à Marseille, dans laquelle je suis resté un an et demi. Cela m’a apporté beaucoup de rigueur et une vision globale dans mes stratégies ! Une étape très importante dans mon parcours professionnel.
D’ailleurs, je recommande à toutes les personnes qui se lancent dans le Social Media de passer par la case Agence ! Vous allez travailler dur, vous ne serez sans doute pas assez payé, mais c’est l’école la plus formatrice et très valorisante sur un CV. Cela vous fera beaucoup de références et surtout la possibilité de travailler pour des clients aux problématiques bien différentes.
En freelance depuis 2009 via ma structure Spitak, j’ai la chance de collaborer avec de grandes marques pour qui j’interviens librement, tant sur l’aspect stratégique qu’opérationnel. J’adore relever des défis, et encore plus quand il y a de la difficulté.
Je recommande à toutes les personnes qui se lancent dans le Social Media de passer par la case Agence !
Parallèlement à mon activité, j’ai créé avec Ibrahim Yves, My Community Manager qui est aujourd’hui un blog collaboratif de référence sur le community management mais pas seulement.
Pourquoi MyCM ? J’ai toujours voulu partager mon savoir et mes connaissances. En 2009, je voyais beaucoup de bons articles sur des blogs isolés et j’ai voulu créer le premier portail dédié au métier avec des rédacteurs de qualité. C’est ainsi qu’est né ce beau projet ! Aujourd’hui MyCM c’est bien plus qu’un blog, c’est également un forum d’entraide, des soirées networking dans toute la France, une plateforme de recrutement spécialisée.
Depuis 2015, j’enseigne à Kedge Marseille et Bordeaux pour les Master 2 spécialité digitale, ce qui me permet de former des étudiants passionnés. C’est aussi une formidable façon d’alimenter son carnet d’adresses avec les entrepreneurs de demain ! N’ayant jamais été très à l’aise à l’oral, cela me permet de gagner en aisance et de me dépasser.
Voici pour la liste de mes activités. Je tiens à ajouter quelques mots sur le statut de travailleur indépendant.
Exercer en freelance nécessite d’en assumer les contraintes. Travailler de manière isolée, accepter une situation « instable» et donc inconfortable : perdre des clients, faire des concessions, se remettre en question. Veiller à être rémunéré dans les délais (voire à être rémunéré tout court). Tel est le quotidien du freelance, qui doit également, bien entendu, être toujours présent pour ses clients, réactif. En contrepartie, les avantages sont nombreux, à commencer par une grande liberté et la possibilité d’exercer où bon vous semble. Un mac et un wifi et les portes du monde s’ouvrent à vous ! Autant vous dire que j’en profite, dès que j’en ai l’occasion, pour voyager !
Me concernant, je dirai qu’à bientôt 28 ans, je parviens à concilier mon activité et mes passions, rendant ainsi mon quotidien épanouissant.
Le social media, parlons-en, cela fait partie de ton quotidien au travail ?
Effectivement, le social media fait partie de mon quotidien. C’est un sujet passionnant, parfois un peu trop ! Mais sans doute ne suis-je pas seul à être hyper connecté et à avoir du mal à faire des coupures.
Tout va si vite ! Les nouveaux réseaux, les nouveaux usages, les fonctionnalités qui apparaissent ou disparaissent. Sans parler de la veille… Pilier de notre métier ! Que ce soit en France ou aux Etats-Unis. Heureusement il existe des blogs de qualité qui permettent d’être à jour. Mes préférés français sont Creapills, blog du modérateur, le blog de Clément Pellerin, MyCM et Reputatiolab. Cette veille – en sus des connaissances et de la créativité propre à chacun – constitue un réservoir illimité de ressources et d’idées. En 2 clics, il vous est possible d’analyser n’importe quelle marque du monde et d’en tirer la substantifique moelle.
La veille, l’un des piliers du social media
Que vous soyez en agence, en freelance ou chez l’annonceur, il me semble indispensable d’être force de proposition dans votre stratégie, ne serait-ce que pour ne pas laisser la routine s’installer.
Vos clients seront peut-être fermés à vos idées, de peur de ce qu’ils ne maîtrisent pas. Mais si vous êtes convaincus que vos idées apporteront un vrai plus pour votre marque, il faudra vous battre pour les mettre en place.
Rappelez-vous… En 2009 il était difficile de convaincre vos clients de transformer leur profil en page ^^ ou même de payer sur Facebook.
Je ne peux que vous encourager à être impliqués et persévérants, et si vous êtes face à des murs, contournez-les.
Un exemple de stratégie social media que tu as mise en place ?
L’expérience MyCM est très enrichissante ! Mettre en place un projet collaboratif à 21 ans quand on a 40 personnes plus âgées et plus expérimentées à driver est un vrai challenge. On fait des erreurs, on s’expose, on est critiqué… Mais c’est le lot de tous ceux qui entreprennent. Je me sers aujourd’hui de toute cette expérience pour mettre en place des projets collaboratifs d’envergure pour mes clients. Deux clients par exemple : Corsica Ferries et Sport découverte. Pour ces 2 clients, en plus d’un community management « classique », il y a une véritable stratégie où le fan devient la pièce maîtresse. Il en résulte la mise en place de blogs collaboratifs un peu comme MyCM, dans lesquels ce sont les fans les plus actifs qui produisent tout le contenu avec une grande liberté et sans réelle intervention ou modération de la marque.
Le community manager a un rôle central indispensable. Il forme les fans sur les plateformes de type WordPress, délimite la ligne éditoriale et les règles d’écriture, anime l’équipe des rédacteurs, gère les conflits, doit insuffler de l’inspiration aux fans, agrandir l’équipe, et surtout maintenir durablement une motivation suffisante.
Un chantier titanesque où vous allez devoir vous surpasser ! Projet périlleux, il demande des qualités humaines et une approche individualisée. Si vous vous contentez d’avoir une relation par mail avec vos rédacteurs, c’est mal embarqué. Dans ces projets, j’appelle tous les fans (par téléphone ou Skype) et je vais à leur rencontre IRL dans la mesure du possible en essayant d’organiser des repas, des apéros, des sorties….
Je reproduis le modèle de My Community Manager sur mes propres clients. C’est un travail qui demande un investissement humain colossal, mais c’est aussi le plus rentable à long terme pour votre marque, à tout point de vue.
Pour le cas : Corsica Ferries
Principaux avantages
- Le blog devient un site de référence pour les Corses et les touristes
- Cela permet d’alimenter nos réseaux sociaux avec du contenu de qualité
- Cela améliore le référencement de Corsica Ferries par un contenu régulier
- Cela permet de booster les ventes
- Les fans se sentent impliqués
- Corsica a une excellente image de marque et une relation de proximité avec sa communauté
Contraintes majeures
- Les ambassadeurs ne sont pas des rédacteurs mais des fans actifs
- Gérer une équipe de personnes qui ne se connaissent pas
- Avoir du contenu régulièrement
- Cela prend beaucoup de temps
- Il faut trouver une contrepartie intéressante pour les fans
Que vois-tu pour l’avenir des socials ? Plus de collaboratif ?
Avec des Edgeranks omniprésents, le CM n’a plus droit à l’erreur dans sa ligne éditoriale et dans sa stratégie de recrutement. Il y a aujourd’hui des secteurs très porteurs tels que les voyagistes, les artistes, la food, la musique, les jeux vidéos. Pour les autres, il va falloir redoubler d’efforts.
Plus les années passent, plus les métriques sont en baisses, et le recrutement organique est très lent… Même avec des jeux concours. Avoir 100 000 fans c’était bien à un moment donné… Les clients étaient contents… Je vois sans cesse des pages à 1 million de fans et 10 likes par post. Cela fait beaucoup d’argent jeté par les fenêtres… Je généralise bien évidemment et je me doute que beaucoup de CM parviennent à se démarquer et à maintenir une visibilité intéressante malgré un Edgerank proche de zéro.
On peut aussi parler d’un potentiel peu exploité par les marques : les groupes Facebook. C’est le lieu idéal pour faire discuter et pour rassembler votre communauté autour d’une thématique précise (Communication de niche).
Aux USA, les groupes sont très exploités dans une optique de community management.
En effet ils présentent de nombreux avantages :
- Pas d’Edgerank
- Des notifications plus riches
- La communauté s’exprime sans modération de la marque
- Les échanges sont plus libres
- La marque peut faire intervenir plus facilement les membres
- Il est plus facile de trouver les ambassadeurs/ les moteurs du groupe
Les membres d’un groupe passent beaucoup plus de temps à discuter ensemble. L’exposition est beaucoup plus forte au sein d’un groupe, même si la marque maîtrise moins les conversations. Dans un groupe, les participants discutent et collaborent autour du thème du groupe, on peut donc parler d’engagement de qualité. Les membres ne sont plus de simples spectateurs ou commentateurs comme sur les pages, mais ils deviennent les acteurs de la communauté.
En 2016 les likes devront se mériter.
Vous pouvez retrouver Djivan sur Twitter juste ici 😉
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