Décroissance ou abondance ? Quel avenir pour notre société ? | Le Cercle Les Echos
Un article publié par Le Cercle | Les Echos : Une excursion en dehors des sujets en inbound marketing, je m’intéresse à la question du développement. A savoir, le développement doit-il être synonyme de croissance ?
Face à une crise durable à la fois économique et écologique, seules deux approches sont possibles sans être nécessairement contradictoires : une approche pessimiste visant à maîtriser la croissance et une approche optimiste visant à orienter les progrès technologiques vers des solutions concrètes aux problèmes de l’humanité (énergie, eau, alimentation, santé, etc.).
La crise économique doublée de la crise écologique que nous subissons depuis 2008 souligne la situation paradoxale de notre société.
La croissance est une condition de survie indispensable de nos sociétés capitalistes. Sans croissance, du fait des progrès constants en matière de productivité, le chômage se creuse, avec son lot de conséquences : pauvreté, inégalité, insécurité… et peut-être même, à terme, révolution.
Néanmoins, la croissance met en danger notre écosystème. Nous consommons déjà plus que ce que la planète sait fournir. Si nous continuons à croître et si tous les habitants de la planète atteignent le niveau de vie des Américains, les limites physiques de la planète vont être dépassées, avec des effets encore plus dramatiques : changement climatique, désertification, inondations, guerres, famines, etc.
Face à ce paradoxe, deux visions de l’avenir s’affrontent et se complètent. Une vision plutôt décroissante, qui tendrait à dissocier les notions de prospérité et de croissance, et une vision d’abondance qui voit dans la croissance exponentielle des technologies une échappatoire permettant de satisfaire tous les besoins de l’humanité sans nuire à la planète.
La prospérité sans croissance
Pour concilier stabilité sociale et équilibre écologique, la solution proposée par Tim Jackson, professeur de développement durable au « Centre for Environmental strategy » (CES) à l’Université du Surrey et auteur de l’essai « Prosperity without growth: economics for a finite planet », consiste à dissocier « croissance » et « prospérité ».
En effet, la prospérité ne se limite pas à sa définition économique : elle adresse toutes les conditions du bonheur. Force est cependant de constater que la croissance économique est de moins en moins synonyme de prospérité, du moins dans les pays développés où les conditions matérielles du bonheur (manger à sa faim, avoir un toit, vivre en sécurité, etc.) sont globalement satisfaites.
Or, l’accroissement des inégalités, de l’insécurité et du stress au travail, de la solitude et de la perte de liens sociaux, nuisent plutôt au bonheur du plus grand nombre tout en étant des conséquences naturelles de la croissance dans une société basée sur la compétition et la réussite individuelle.
Ainsi, il serait possible d’atteindre la prospérité sans la croissance économique, en changeant les grands principes macro-économiques, et notamment l’indicateur de référence qu’est le PIB, incapable de prendre en compte les externalités négatives de l’économie (telles que la pollution).
L’idée consisterait à introduire un nouvel acteur dans les échanges : l’écosystème. Il s’agit ainsi de passer d’une économie où seuls les entreprises et les ménages sont pris en compte à une économie liée qui prend en compte l’écosystème et assure sa préservation.
Ce qui conduirait du point de vue de Tim Jackson à conduire trois actions macro-économiques majeures :
• Mener une transition structurelle vers les activités de services qui ont un faible impact écologique ;
• Investir dans les biens environnementaux : isolation, énergies renouvelables, etc. ;
• Mettre en oeuvre des politiques de réduction du temps de travail.
Extrait de lecercle.lesechos.fr