Le témoignage de Thibaut et sa faillite en ligne
Je vais vous raconter aujourd’hui un des pires scénarios à craindre pour un entrepreneur.
Avec 4000 € de bénéfices par mois, j’avais de bonnes perspectives d’avenir pour mon entreprise de tourisme… mais en quelques semaines seulement, tout s’est écroulé.
J’ai fait faillite à la suite d’une erreur stratégique. J’ai été l’un des tout premiers à subir de plein fouet les conséquences de cette crise et je pense malheureusement que d’autres vont suivre.
Lisbonne, là où tout a commencé
Pour la petite histoire, j’ai créé le blog bonjourlisbonne.fr en 2015.
Entièrement dédié à la capitale portugaise, le blog propose divers conseils et bons plans, notamment les bonnes adresses à retenir pour une escapade dans la ville.
Pourquoi avoir choisi Lisbonne ? Tout simplement parce que c’est une ville de cœur qui m’a permis de faire de belles rencontres et qui a vu mes rêves devenir réalité.
Faire connaitre le blog fut un travail de longue haleine et j’ai concentré mon effort sur le contenu et le référencement. J’ai utilisé à cet effet des techniques déjà bien rodées :
- La création d’articles optimisés ;
- Le linking interne ;
- L’acquisition de liens ;
- L’échange de liens ;
- L’inscription dans des annuaires, des blogs et des forums ;
- La création de liens sur les meilleurs blogs de tourisme ou sur des thématiques en rapport avec la ville de Lisbonne.
En combinant toutes ces stratégies de marketing web, j’ai pu enregistrer un bon trafic dès la première année (60.000 visiteurs).
Le blog s’est fait rapidement connaître et j’ai pu gagner une bonne position dans le classement de Google.
J’ai ensuite ouvert mon entreprise de tourisme et me suis fait aider lors des démarches comptables et administratives par un comptable franco-portugais engagé à cet effet.
Il m’est venu ensuite l’idée de proposer des partenariats et de l’affiliation avec des établissements et des sites thématiques (restaurants ; bars ; hôtels ; entreprises de transport ; sites de ventes de billets et pass en ligne ; services de prestation touristique comme des tours à vélo, des croisières sur le fleuve, etc.), mais aussi des visites guidées privées.
J’ai renforcé ma stratégie de marketing web en me positionnant sur les réseaux sociaux.
À mesure que ça allait, j’ai commencé à engager des freelances pour la rédaction de contenus, la gestion des partenariats et des visites.
En assurant ainsi la partie communication et référencement web, j’ai pu toucher un maximum de personnes.
Et comme le dit le dicton : « Tout effort discipliné offre une récompense multiple ».
Avec 650.000 visiteurs enregistrés cette année et la capitale portugaise qui rentre dans la liste des villes à découvrir, le trafic est en hausse !
En 2017, le blog m’a permis de générer un bénéfice de 3 000 € en moyenne par mois. Certains mois, le trafic était à la baisse (novembre, décembre, janvier et février). Pour d’autres, ça marchait plutôt bien (avril, mai, juillet, août et octobre).
Il faut en effet savoir que le trafic, donc les bénéfices, varie au fil des mois et dépend de certains facteurs (vacances, ponts, fêtes, etc.). Bref, on a fait une belle avancée avec l’équipe et les visiteurs ont été ravis de ce qu’on leur a proposé.
D’autres perspectives, d’autres villes
Les blogs bonjourporto.fr et bonjourbarcelone.fr voient le jour en 2017. J’adore tout particulièrement ces deux villes même si je ne les connais pas aussi bien que Lisbonne, d’où le choix pour les nouveaux blogs. J’ai d’ailleurs dû engager une nouvelle équipe pour m’assister sur place.
Après 2 ans de dur labeur, d’une stratégie marketing web bien choisie et d’une bonne volonté de notre part, le blog bonjourporto.fr connait un beau succès. Ce qui n’est pas le cas pour bonjourbarcelone.fr.
Le blog sur Porto m’a permis de générer un bénéfice supplémentaire de 1500 € par mois, mais on a perdu de l’argent sur celui de Barcelone.
La concurrence est en effet plus rude vu que la ville est très touristique et que de nombreuses entreprises sont déjà présentent dans le domaine.
Ce constat plutôt décevant nous a menés à ne garder que deux blogs, à savoir celui de Lisbonne et celui de Porto.
Rome, la ville de toutes les espérances
En 2019, bonjourrome.fr est lancé sur le web. Pour ce quatrième blog, je m’entoure une nouvelle fois d’une belle équipe. J’ai répété les mêmes stratégies qu’avec les trois premiers.
Comme Rome est aussi une ville très touristique donc très concurrentielle, je m’emploie à refréner les dépenses, notamment au début du projet.
À la fin de l’année 2019, les résultats sont plutôt positifs par rapport à ceux de Barcelone. On comptait 50 000 visiteurs uniques la première année. À cela s’ajoutent les demandes de visite, de transferts depuis les deux aéroports, des demandes de conseils pour un séjour à Rome (notamment sur les transports, les billets en ligne à acheter, etc).
Le trafic est à la hausse, j’ai de bons espoirs pour la suite.
Entre octobre 2019 et fin janvier 2020, c’est la quasi-totalité de l’argent de l’entreprise que j’investis dans le blog. L’objectif étant d’être fin prêt pour la haute saison 2020.
Pour y arriver, j’ai engagé plusieurs personnes sur Rome pour gérer l’activité sur place. Ils se chargent notamment de trouver des partenaires, de répondre aux mails des voyageurs, de gérer les relations presse, le référencement, la communication, etc.
J’ai déjà de bonnes expériences dans le domaine. Je sais ce que les gens recherchent, je sais où sont les failles à éviter et les opportunités à saisir. Bref, je vois déjà un avenir positif.
Le coronavirus et ses conséquences désastreuses
Dans mes calculs, tout est bon… mais l’arrivée du coronavirus le mois suivant bouleverse tous mes plans.
La pandémie met toute l’Europe à terre et mes 3 blogs en subissent les conséquences.
Le confinement est déclaré. Tous les établissements ferment leurs portes un à un, musées, restaurants, hôtels, etc.
Les voyageurs annulent leurs vacances et toutes les activités prévues.
Le coronavirus a clairement tué le tourisme et je perds la quasi-totalité de mes clients. Depuis la mi-mars, je ne perçois plus rien de mes trois blogs. Je perds pied, mais je ne perds pas espoir.
Je décide alors de suspendre mon activité et mets en pause mes collaborateurs.
Restent encore les coûts fixes (hébergement web, logiciels, etc.) qui permettent aux blogs de continuer à fonctionner. Bref, je croule sous les factures et je ne peux évidemment plus me payer.
Sur le plan personnel, j’ai le loyer à payer et ma femme vient de donner naissance à notre deuxième fille le 4 mars dernier. Étant également une travailleuse indépendante, elle ne perçoit pas non plus de salaires.
Quant aux paiements dûs et ceux en cours, certains partenaires sont déjà en retard. D’autres m’énoncent une date dans les prochains mois. D’autres encore, choisissent tout simplement de ne pas me donner de date précise. En témoigne la capture d’écran ci-dessous :
J’ai tout perdu en quelques semaines. Je suis passé d’une entreprise à succès à une entreprise en faillite et tout cela à cause du coronavirus.
Oui, j’aurais dû sûrement tempérer mon enthousiasme et ne pas avoir tout investi sur le nouveau blog, mais qui aurait pu penser que la crise qu’on subit actuellement allait tout chambouler ?
Et comme si cela ne suffisait pas, je ne suis pas éligible aux aides que l’État portugais accorde aux PME.
Aussi, pour m’en sortir et garder mes blogs en ligne jusqu’à la fin de la crise, je dois emprunter de l’argent, à mes proches, à ma famille… J’ai mis en place une cagnotte sur Okpal pour demander de l’aide à mes lecteurs et anciens clients. Je suis surpris par le nombre de dons et cela va beaucoup m’aider à tenir sur la durée. Merci à eux !
Je suis maintenant dans l’attente de l’ouverture des frontières. Le tourisme va reprendre un jour ou l’autre c’est sûr.
J’espère également pouvoir retravailler avec mes collaborateurs et retrouver mes partenaires en espérant qu’ils n’ont pas fait faillite.
Je garde en tête que ce n’est qu’un mauvais cap à passer. L’avenir ne peut pas être pire que le présent.
Si vous aussi, votre activité tourne autour du voyage et du tourisme, j’espère sincèrement que vous allez arriver à surmonter cette crise et à rebondir. Pensez à réduire tous vos coûts pour ne garder que le nécessaire et demandez de l’aide à vos lecteurs et à vos proches.
En attendant, on ne peut que garder espoir.
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