Digital factory : le secteur de l’énergie continue sa transformation digitale
Dans une volonté d’accélérer la transformation digitale du groupe et de concrétiser son ambition de devenir un acteur incontournable de l’énergie responsable, Total a annoncé l’ouverture de sa digital factory d’ici 2020. Mais qu’est-ce que les digital factories? Pourquoi attirent-elles tant les grandes entreprises ces dernières années ? Zoom sur la nouvelle arme digitale des grands groupes !
Digital factory, qu’est-ce que c’est ?
Avec la transformation digitale, les grands groupes mettent en place depuis quelques années des digital factories dans un souci d’innovation et de transformation de leurs industries en produits digitaux. Mais qu’est-ce qu’une digital factory ?
Une digital factory pour concrétiser les innovations des labs
Après lab et incubateur voici la digital factory. Elle permet de rassembler des compétences pluridisciplinaires (développeurs, UX designers, data scientists, architectes SI etc.) dans un même espace. Un espace où les contraintes sont réduites et les processus de décision plus courts. Cela va permettre aux personnes qui s’y rassemblent de créer et s’approprier de nouvelles façons de travailler et faire ensemble avec plus de marge de manœuvre tout en étant user centered.
En véritable relais entre la phase d’exploration et le passage à l’échelle d’un produit, une digital factory va se concentrer sur l’industrialisation des innovations pour la production. Ce qui est considéré comme la suite logique au processus d’innovation ou incubation en lab. C’est ici où une entreprise pourra concrétiser ses ambitions de transformation digitale en répondant au mieux aux enjeux d’innovation et aux besoins des utilisateurs finaux.
On peut se demander pourquoi créer des digital factories quand on pourrait mettre en place ce processus au sein d’une DSI ? C’est parfois possible, fabriquer des assets digitaux ou applications ATAWAD peut se faire en DSI. Mais généralement ces dernières ont du mal à se mettre au niveau des digital factories qui adoptent le bon langage, les bons outils ou les bonnes méthodes.
Enfin, la particularité de ces « usines », c’est qu’elles regroupent des ressources humaines et technologiques qui ont pour point commun d’être rares puisqu’elles maitrisent toutes les technologies actuelles (robotisation, cloud, API etc).
Les pré-requis d’une digital factory
Voici quelques pré-requis pour la mise en place d’une Digital Factory :
- équipes pluridisciplinaires
- co-localisation des ressources humaines avec la mise en place d’un pouvoir de décision sur son périmètre
- contraintes assouplies et processus de décision courts
- méthodologie agile
- test and learn
- respect des cycles de développement courts en facilitant la mise en production
- mise en production régulière
- favoriser la montée en compétences des collaborateurs
L’attrait des grands groupes
Les digital factories représentent un fort attrait pour les grands groupes. Et si elles ont toutes la même vocation globale, elles n’ont pas forcément les mêmes objectifs finaux. De même, pour servir ces objectifs, si certaines sont construites pour une durée indéterminée, pour d’autres elles ont une durée de vie limitée déjà définie…
Des exemples de digital factories dans différents secteurs
Air France
C’est le cas d’Air France et de sa digital factory qui a une durée de vie de 5 ans. Elle a été lancée en décembre 2017 pour accélérer les projets d’innovation d’Air France et contribuer à leur objectif de rendre l’entreprise plus simple, plus digitale, plus innovante.
La directrice de la transformation, Amel Hammouda indique la double mission de leur digital factory lors de l’annonce de la création de celle-ci : « Sa mission est double : accélérer les projets des métiers grâce à un pôle d’expertises rares mais aussi favoriser l’acculturation des collaborateurs en offrant un lieu d’échange et de partage ouvert à tous. Nous souhaitons développer des outils ou des solutions innovantes au service de nos collaborateurs pour améliorer en permanence l’expérience de voyage de nos clients. »
Pourquoi une durée de vie limitée ? Air France souhaite en faire un lieu éphémère qui soit au profit d’un changement durable. L’objectif est d’accélérer les projets mais surtout de diffuser les méthodes de travail au sein de toute l’entreprise pour rendre ses métiers autonomes.
Deloitte
Deloitte est un bon exemple de démarche intéressante de création de digital factory puisque contrairement à d’autres, ils sont partis du besoin client pour créer la leur et non l’inverse. Deloitte veut réaliser des produits digitaux complets et sur-mesure permettant de digitaliser leurs offres, d’automatiser et de créer des assets pour leurs équipes et leurs clients. Comment ? Encore une fois en combinant leurs différentes expertises (développement web, Machine Learning, UX, UI, RPA etc.).
Thales
En 2017, Thales a lancé sa digital factory avec 150 spécialistes en intelligence artificielle, cyber-sécurité et big data. L’ambition du côté de Thales est de développer des projets variés sur des cycles très courts (semaines ou mois) pour arriver à sortir des MVP (Minimum Viable Product) et les tester là où ce type de projet s’effectue habituellement en quelques années. Nouveaux systèmes de divertissement en vol, applis pour accélérer les opérations de maintenance de cockpits d’avions ou encore des logiciels de cyber sécurité ou big data… Tous ces projets seront à destination de grands groupes et métiers de l’aérospatial, défense, sécurité et transport. Situé à la Station F, la digital factory de Thales est également un incubateur.
Secteur de l’énergie : Total annonce sa digital factory
Après Engie en 2016, ce sera en 2020 au tour de Total d’ouvrir sa digital factory à Paris dans un objectif d’accélérer la transformation digitale du grand groupe énergétique. L’objectif chiffré est de générer d’ici 2025 jusqu’à 1,5 milliard de dollars par an de valeur pour l’entreprise que ce soit sous forme de revenus additionnels ou d’économies sur les dépenses de fonctionnement ou d’investissement.
Afin de créer de la valeur à l’ensemble de ses métiers la digital factory a vocation à développer des solutions numériques pour améliorer ses opérations industrielles, proposer de nouveaux services à ses clients en termes de maitrise et d’optimisation de leur consommation énergétique. Mais aussi de se développer dans les nouvelles énergies décentralisées et réduire son impact environnemental.
Et ce n’est pas tout, le PDG Patrick Pouyanné indique qu’il veut faire de la digital factory un outil d’attractivité pour sa marque employeur en indiquant dans le communiqué : « L’intelligence artificielle, l’internet des objets, la 5G révolutionnent nos pratiques industrielles et nous aurons, à Paris, le savoir-faire pour les intégrer au plus tôt dans nos métiers. La digital factory permettra aussi d’attirer les nouveaux talents indispensables pour l’avenir de l’entreprise« .
Une mission pas si simple
Recruter des talents développeurs, data scientists et expert IA n’est pas si simple ! Engie a reconnu avoir encore des difficultés à recruter pour sa digital factory. Avoir des locaux dans des endroits attractifs, une hiérarchie à plat et une méthodologie agile ne suffit pas forcément à attirer les talents même si ce sont des pré-requis importants.
De plus, Total n’est pas en meilleure posture pour générer de l’attractivité au regard de ses activités dans les énergies fossiles qui compliquent le recrutement de talents. Ce sera donc à Frédéric Gimenez, ex DSI du groupe nommé chef digital officier début septembre 2019 de se charger de remplir cette digital factory des meilleurs talents (une centaine d’ici 2020).
Et pour commencer, Total a indiqué qu’ils feront appel à un partenaire qui fournira le gros des équipes qu’ils n’ont pas. Reste encore à définir le partenaire ce qui devrait prendre du temps en fonction des processus de sélection. Affaire à suivre !
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