Considérer ChatGPT comme est un ingrédient et non comme une recette

Vous vous rappelez ce dîner chez des amis avec un plat extraordinaire préparé avec amour par la maîtresse de maison ? Ce besoin de reproduire dans votre cuisine ce moment délicieux pour au final succomber à sa version surgelée dans son supermarché préféré ? Tout ce temps investi pour essayer de toucher à l’excellence et finalement faire ce terrible constat du manque de saveur, d’assaisonnement, en un mot : de relief. 

Il en va de même pour l’écriture. La lecture de textes ciselés nous fait parfois pousser des ailes et caresser l’espoir de devenir poète ou romancier. Mais nous ne sommes pas des écrivains. Comme nous ne sommes pas de grands chefs.

Fort de ce constat, nous déléguons sans scrupules nos lacunes à Picard ou ChatGPT. Mais pourquoi ne pas essayer de passer d’une nullité crasse à amateur éclairé ? Tout n’est finalement pas à jeter dans ce que l’on peut écrire ou cuisiner. Servons-nous-en !

Il y a tout d’abord le temps que l’on a décidé d’y consacrer, l’envie d’essayer. Mais aussi celle de bien faire, de faire plaisir et au final, de se faire plaisir. Il y a à l’inverse ce qui touche à l’intime, la peur de l’échec, du ridicule, la crainte de la critique. Même s’il est rare que l’entourage nous enfonce là où nous avons été les seuls à prendre le risque d’essayer. Alors réessayons !

Ajouter sa patte

Prenons un plat de lasagnes à la bolognaise : facile, inratable ! Une recette sur internet, de la sauce tomate, viande hachée, fromage râpé, des plaques de pâtes et c’est parti. Il en va de même lorsque vous rédigez : laissez ChatGPT faire vos courses sur le web ! Conservez un maximum de temps et d’attention pour le plus agréable, la réalisation.

Fort de ce premier succès, essayez de varier : gardez la même recette, mais accordez-vous quelques écarts. Sur vos lasagnes, cela se traduit par un meilleur choix des produits ou l’ajout de quelques feuilles de basilic, un peu de muscade… Sur vos écrits, c’est l’apport de liant, de consistance, d’enchaînement.

Attention toutefois à y aller progressivement. Il ne s’agit pas de vous enflammer à la première réalisation, mais bien de continuer à travailler une recette ou un texte pour chercher à y poser votre signature.

Faire vivre son texte avec ChatGPT

ChatGPT, est un peu comme le rayon traiteur de votre supermarché. Du choix, de belles présentations, et surtout la perspective d’un repas préparé rapidement. Oui, mais ce plat ne vous appartient pas !

La seule fierté coupable à en tirer est d’entendre les convives s’écrier : « Pas mal ces petites lasagnes ». Tout de suite refroidi par un « Tu les as trouvées où ? ». Retour sur investissement : nul ! Vous n’avez rien investi, n’attendez rien en retour. A quoi vous servez finalement ? À faire des copier-coller comme vous mettriez un plat au four à micro-onde ?

ChatGPT vous donne des ingrédients, du contenu, mais c’est à vous de faire l’assemblage. C’est la phase la plus importante qui vous permet de rendre plus léger et digeste n’importe quel sujet, même les plus compliqués.

Petit à petit, écrit après écrit, mettez un peu de vous dans vos phrases, imprimez votre rythme. Commencez par du vécu, une expérience personnelle qui vient illustrer le cadre rigide déjà fourni. Ajoutez un peu de votre caractère dans la syntaxe.

Pourquoi à vous lire, ne vous reconnaitrait-on pas ? Il est pourtant facile de vous identifier les yeux fermés lorsque vous parlez. On vous devine à vous entendre lorsque l’on ferme les yeux et vous perd lorsqu’on les ouvre sur votre texte. Vous avez une signature vocale. Si vous signez vocalement, il est ridicule de ne pas le faire à l’écrit. Vous n’aimez pas entendre votre voix, pourtant vous parlez, c’est même naturel voire vital.

Faites de même avec l’écriture. Ne nous condamnez pas au morne monologue débité par la cybernétique et reprenez vos textes en main.

ChatGPT comme base

Réveillez-vous : vous serez toujours moins ennuyeux que ChatGPT ! Mettez plutôt ce formidable outil à votre service, juste pour simplifier le travail préparatoire de vos écrits.

Consacrez le maximum du temps disponible à chercher ce qui vous lie à votre sujet. Ajouter du vivant à un texte, c’est donner la sensation, à sa lecture de connaître celui qui l’a écrit.

Comme si c’était un.e ami.e, votre compagnon ou votre grand-mère qui avait préparé le repas. Le lecteur est en confiance, en terrain connu. Il sait, même si le sujet n’est pas le plus passionnant qu’il n’ait jamais lu, qu’il va passer un bon moment. Lancez-vous, vous ne prendrez jamais une gamelle. Vous risquez même de vous régaler !

PS : je n’ai pas essayé cette recette, mais cela se tente non ?

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